Grand-Mère

MON PETIT FILS

ANDRE GRANDIER


«Je tenais absolument à apporter ma petite et modeste pierre à celui qui est la gloire de notre famille : mon petit-fils André.
Je dois reconnaître que je suis particulièrement fière de lui, j’ai vraiment bien réussi son éducation. Et ça n’a pas été facile tous les jours, je peux vous l’assurer. De nos jours, les enfants sont trop gâtés. A mon époque, à la moindre bêtise, un petit coup de louche suffisait à remettre les enfants dans le droit chemin. Aujourd’hui, c’est différent : André m’a donné du fil à retordre, même avec la menace de la louche.
Mais je ne regrette pas de m’être donné autant de mal : c’est un très bon parti aujourd’hui. La liste des prétendantes est longue, la sélection sera sévère, j’y veillerai.
Quoi ? Qu’est-ce qui vous fait rire ? Que je dise que mon petit André est un bon parti ? Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle, c’est tout à fait vrai.
D’abord, c’est moi qui l’ait élevé, rien que ça devrait suffire à vous convaincre. Je lui ai appris à se comporter correctement en tout occasion, à être poli avec tout le monde, et à rester à sa place dans la société. Je n’ai jamais beaucoup aimé le voir traiter ma petite Oscar avec si peu de respect : en bon serviteur, il devrait la vouvoyer et l’appeler « mademoiselle », je le lui ai répété une centaine de fois. Je crois que ce côté rebelle est le seul défaut que j’ai pu lui trouver. Sinon, il ne possède que des qualités mon petit André (normal, c’est dans la famille).»

Il adore ma cuisine ce charmant enfant : je ne compte plus le nombre de fois où j’ai dû le chasser loin de mes casseroles à coup de louche. Cela ne l’a jamais découragé. Evidemment, je n’étais pas vraiment fâchée, tout au fond de moi, j’étais même plutôt flattée de voir mes talents de cuisinière aussi reconnus. Le chasser à coup de louches me fendait le cœur, mais j’ai toujours veillé à ce que l’éducation d’André soit parfaite, et quémander de la nourriture en dehors des repas est très mal élevé. Et puis, vous avez remarqué qu’André sait se nourrir correctement : il mange beaucoup de pommes, et comme chacun sait, les pommes, c’est très bon pour la santé.

Il est docile : et bien oui, à force de passer sa jeunesse à suivre mademoiselle Oscar et à obéir à tous ses ordres, cela n’est pas étonnant.
Il est persévérant : toutes ses années à aimer mademoiselle Oscar sans jamais rien attendre en retour, c’est quand même pas rien. Surtout qu’elle ne lui a jamais donné le moindre espoir. Il faut dire qu’elle avait bien des soucis de son côté elle aussi, on ne peut pas lui en vouloir à cette pauvre enfant.

Il est travailleur : si vous le cherchez, vous le trouverez à coup sûr à l’écurie, en train de s’occuper des chevaux. Ceci évidemment, s’il n’est pas par monts et par vaux aux côtés de mademoiselle Oscar, ce qui est également une part de son travail, ce qui montre bien combien il est travailleur.

Il est dévoué : il n’y a qu’à observer comment il se comporte avec ma petite Oscar. Toujours à prévenir ses moindres désirs, toujours à penser à elle avant de penser à lui. C’est certain qu’il se comportera de la même façon avec sa future femme (sélectionnée par mes soins).

Il a un grand sens de l’humour : et je vous assure qu’il en faut pour supporter ma petite Oscar. Ce n’est pas que je n’aime pas Oscar, bien sûr que non, tout le monde sait que je l’adore et que je la considère comme ma propre fille. Mais il faut avouer que de temps en temps, elle n’a pas un caractère facile. Et on peut le comprendre. D’ailleurs, André le comprend tout à fait, puisqu’il sait désamorcer des situations graves avec humour, exactement quand il le faut.

Il est courageux : il n’hésite pas à voler au secours de ma petite Oscar à chaque fois qu’elle se retrouve dans une situation dangereuse. Et il le fait au péril de sa vie. Je ne sais pas comment elle fait cette petite, mais il semblerait qu’elle attire les problèmes. Sans André à ses côtés, que serait-elle devenue ? Sans André et ses interventions à bon escient, elle n’aurait jamais vu ses 20 ans sans doute.

Il ne renonce pas facilement : regardez quand Oscar lui demande de ne plus rester à ses côtés, il la suit malgré elle. C’est qu’il sait parfaitement qu’elle ne peut pas se passer de lui. Et finalement, il a eu raison de continuer à la suivre non ? Ah mon petit André, quelle intelligence quand même (ça aussi il le tient de sa grand-mère).

Voilà mesdemoiselles, vous voyez bien que mon petit André est le mari idéal : beau, avec de l’humour, courageux mais également travailleur et docile.

Qui ne rêverait pas d’André ?